FILMS-DOCUMENTAIRES

par **KIMI** Mar 13 Jan - 15:39

SICKO - MICHAEL MOORE

Sicko, ou souffrir de pamphlet enflé

Vraiment, on ne s'ennuie pas avec Michael Moore! Depuis près de vingt ans, l'homme et ses films suscitent des débats.

On s'interroge notamment sur la valeur documentaire des films de Michael Moore. Sur les libertés qu'il prend avec le réel. C'est oublier qu'il y a toutes sortes de documentaires. Des documentaires d'observation. Des documentaires d'opinion. Dans un cas comme dans l'autre, il y a un point de vue. Cinéaste militant, Michael Moore est animé par une volonté farouche de divertir, d'émouvoir, de choquer. Bref, de donner un bon spectacle. Sur ce terrain, le réalisateur de Bowling for Columbine, racoleur, se distingue de la plupart des documentaristes. Peut-être est-ce cela qui l'autorise à tricher plus que la moyenne...

Parler du système de santé américain ne constitue certes pas la meilleure façon d'attirer les foules au cinéma. Aux États-Unis, passe encore. C'est de leur pays dont il est question. Mais au Canada... Tout le talent de Michael Moore se trouve là. Comme tant d'Américains, il est intimement persuadé que ce qui se passe au pays de George W. Bush est d'intérêt général. À force, on en vient à le croire aussi.

Michael Moore recherche les images qui frappent l'imagination. Néanmoins, dans Sicko il ne choisit pas le chemin le plus facile. Il ne s'intéresse pas aux millions d'Américains privés d'assurance santé, mais bien à ceux qui vivent des histoires d'horreur, aux prises avec des assureurs tatillons. Le cinéaste lance le film comme un épisode surdimensionné de La facture. Il égratigne au passage son adversaire de prédilection, George W. Bush. Et avec lui les compagnies d'assurance et les pharmaceutiques. Ses ambitions ne s'arrêtent pas là...

Tourner les coins ronds

Photo: TFM Distribution

Il dénonce les travers du système de santé américain. Soit. Mais il veut aussi montrer que son pays est malade. Sa démonstration s'appuie sur des comparaisons. Pour cela, le cinéaste se tourne vers le Canada, le Royaume-Uni et la France. Dans sa volonté de mettre en valeur le régime de santé universel de ces pays, il emprunte d'étonnants raccourcis.

Le Canada devient un modèle, la France un Eldorado. Derrière les effets comiques, derrière le masque du faux naïf, Michael Moore laisse entrevoir son inquiétude. Pourquoi, ailleurs, se montre-t-on solidaire? Pourquoi les Américains préfèrent-ils le chacun-pour-soi? Des questions aussi pertinentes que cruelles.

Le paradis cubain?

Le volet le plus délicat de ce documentaire est sa conclusion. L'épisode cubain. Le cinéaste affirme s'être rendu à Cuba bien malgré lui, après voir été refoulé de Guantanamo. Explication peu convaincante. Passé maître dans l'art du raccourci, il offre un portrait idyllique du système de santé cubain. Fidel Castro doit rire dans sa barbe. L'ennemi juré des États-Unis qui se porte à la rescousse de héros malmenés du 11 septembre... Un coup fumant.

Tout le paradoxe de Michael Moore est résumé dans les dernières images de Sicko. On réprouve les méthodes qu'emploie le manipulateur. N'empêche, on essuie une larme. Et l'on se réjouit de lui voir appliquer un nouvel électrochoc au pays de George W. Bush.

Michael Moore - Sicko (2007) - Trailer